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Blake et Mortimer
Aventure
Série en cours
Le jeudi 26 septembre 1946, l'éditeur bruxellois Raymond Leblanc publie le premier numéro du Journal Tintin. Au sommaire de cet illustré le Secret de l'Espadon, le tout premier épisode de Blake et Mortimer. Son auteur, Edgar-Pierre Jacobs, ne perd pas de temps en présentation. L'aventure démarre sur un conflit mondial orchestré par le sanguinaire Basam-Damdu, empereur asiatique et mégalomane. À ses côtés, l'on découvre le colonel Olrik, un rénegat de la pire espèce, qui, s'il apparaît comme l'ennemi juré des libertés, comme il suprême représentant du Mal, n'en exerce pas moins une séduction ambiguë sur le lecteur; Jacobs en a d'ailleurs pleine conscience puisqu'il met par la suite régulièrement en scène. Il faut attendre deux semaines (le 10 octobre 1946, précisement) avant de faire la connaissance de Philip Edgar Angus Mortimer, professeur de physique nucléaire, et de son ami Francis Percy Blake, membre éminent du M.I.5., le département militaire de l'Intelligence Service.
Ce Secret de l'Espadon tient en haleine durant trois années les lecteurs de l'hebdomadaire belge, puis, à partir de 1948, ceux de son édition française. En 1950, Blake et Mortimer se retrouvent sur le plateau de Gizeh et découvrent le Mystère de la Grande Pyramide, non sans avoir mis fin aux spoliations d'un gang spécialisé dans le trafic d'antiquités. Si l'on en croit la légende, cette histoire serait à l'origine de bon nombre de vocations pour l'égyptologie. En 1953, Blake et Mortimer affrontent un mystérieux personnage qui signe ses forfaits d'une étrange Marque Jaune. Olrik n'apparaît pas ici qu'en tant que comparse, ses ondes cervicales étant manipulés par Septimus, un psychiatre de renom. Deux ans plus tard, Blake et Mortimer passent des vacances aux Açores. Après avoir trouvé l'orichalque, ce métal prècieux décrit par les écrivains antiques, le duo de choc rencontre un curieux peuple et résout l'Énigme de l'Atlantide.
En 1958, dans S.O.S. Météores, ils collaborent avec la D.S.T. française et font face au professeur Miloch, un inventeur capable d'influer sur les variations météorologiques. En 1960, Mortimer tombe dans un Piège Diabolique, fomenté, à titre posthume, par Miloch. Embarqué à bord du «cronoscaphe», une machine à voyager dans le Temps, il ne réintègre son époque qu'après avoir combattu quelques sauriens antédiluviens et aidé les habitants du 51e siècle à se libérer d'une tyrannie mondiale. Cinq ans après, Jacobs revient à un sujet plus classique, et les deux compères britanniques jouent les enquêteurs sur l'Affaire du Collier. Il faut attendre 1970 avant de retrouver les deux personnages dans la première partie des 3 Formules du Professeur Sató. Cet épisode, basé sur la cybernétique, reste inachevé à la disparition de Jacobs, en 1987. Longtemps considéré comme «l'Arlesienne» du 9e art, cette histoire se conclue enfin, en 1990, illustrée par Bob De Moor.
Un demi-siècle après son apparition, la série Blake et Mortimer, par sa narration crédible, mêlant l'aventure, le policier, le fantastique ou la science-fiction, par son graphisme clair et documenté, fascine encore de nombreuses générations. Malgré un nombre restreint d'albums, elle est considérée comme l'un des chefs-d'œuvre absolus de la bande dessinée franco-belge. Elle connaît une version en albums à partir de 1950, au Lombard / Dargaud, puis aux éditions Blake et Mortimer. À signaler la sortie de quelques épisodes, en grand format, chez Blue-Circle. Cette série influence également de multiples dessinateurs, parmi lesquels Jacques Tardi, Patrick Dumas ou Jean-Claude Floch, etc. En 1993, Dargaud envisage de reprendre ces personnages, dessinés par Ted Benoît auteur par ailleurs de plusieurs travaux publicitaires mettant en scène les deux personnages.
Treize ans après la disparition d’Edgar P. Jacobs (1904-1986), Blake et Mortimer reste, avec Tintin, la série phare de la bande dessinée franco-belge. Le mythe de La Marque Jaune a rejoint celui e la fusée à damiers rouges d’Objectif Lune. C’est que Blake et Mortimer est une série unique.
Graphisme élégant et écriture soignée sont au service d’une aventure hors-normes. Sans oublier la mise en couleurs qui magnifie le sujet. Edgar P. Jacobs aimait la démesure. Les inventions scientifiques (le sous-marin volant Espadon, les Ondes Méga du professeur Septimus, les vaisseaux rouges des Atlantes, le Chronoscaphe ...) fascinent encore à l’aube du XXIème siècle.
Recherche de documentation titanesque et scrupules professionnels exacerbés condamneront Jacobs à réaliser “seulement” 8 aventures (en 12 albums). La qualité l’emportera toujours sur la productivité. Tel est l'un des secrets du mythe Blake et Mortimer.
AVIS PERSO :
L'aventure avec un grand A.
Des histoires mythiques, et une reprise de la série somme toute très honnête.
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